Lettre à tous mes confrères

J.-L. Bessis Photo

Chers confrères, chers amis

En décembre prochain, je solliciterai vos suffrages pour le bâtonnat.

Ce n’est pas le scrutin de 2012, auquel j’ai d’ailleurs participé, qui désigne le bâtonnier. C’est le scrutin des 10 et 11 décembre 2013. Et lui seul.

Ma candidature s’inscrit dans le droit fil de celle de l’an dernier.

Mes convictions n’ont pas varié.

En quelques mois à peine, les dérives que je dénonçais se sont vérifiées : dépenses somptuaires révélées par la presse, poursuites disciplinaires visant à faire taire une voix dissonante…

J’ai achevé mon mandat de membre du Conseil le 31 décembre dernier avec la conviction qu’il était urgent de le changer en profondeur ; pour un système plus juste ; pour dépoussiérer l’instance ordinale ; pour démocratiser un fonctionnement monarchique et anachronique.

Un simple membre du Conseil, même rejoint par quelques autres, n’a pas ce pouvoir.

40 années après ma prestation de serment le jour de mes 22 ans, le moment est venu de servir davantage la profession, dont j’ai la passion.

Le fonctionnement de la justice, je l’enseigne depuis 30 ans. A Paris II, puis à Sciences Po, j’ai eu l’honneur de former avocats et magistrats.

Professeur des Universités, j’ai eu le privilège de co-rédiger la plupart des textes législatifs et réglementaires organisant l’abandon du monopole d’Etat sur l’audiovisuel.

Représentant permanent de la France auprès de l’Organisation Mondiale du Commerce entre 2002 et 2004, j’ai vécu la montée en puissance de l’Organe de Règlement des Différends (ORD).

Il est des choses auxquelles je ne parviens pas à me résoudre, et tout particulièrement le fossé qui se creuse entre une oligarchie de patrons ou associés de grandes structures, et l’immense majorité des avocats, collaborateurs ou cabinets individuels.

J’ai découvert au Conseil un mode de fonctionnement d’un autre âge, ainsi qu’une série de dérives : ouverture de la profession aux politiques en mal de reconversion, indemnités vertigineuses que s’octroient bâtonnier et vice-bâtonnier, nombreuses créations de postes, avantages en nature et décorations distribués à la discrétion du bâtonnier…

Pour la défense du secret professionnel et la réforme de la garde à vue, l’Ordre a su faire acte de courage. Nous aurions aimé qu’il se fasse entendre plus clairement sur le soutien aux nombreux confrères en difficulté. Et qu’il se montre plus incisif sur les droits des mineurs et ceux des étrangers.

Il y a trente ans, le Barreau de Paris comptait 6 000 inscrits, tous de la même origine socioculturelle et tous engagés dans la même pratique professionnelle. Nous sommes aujourd’hui près de 26 000 : patrons et collaborateurs, grands cabinets et artisans, sociétés de toutes tailles, avocats français et étrangers, spécialistes et généralistes.

La crise économique fragilise nos confrères les plus démunis.

Je souhaite que le Conseil de l’Ordre prenne mieux en compte la diversité des pratiques, des revenus, des trajectoires, des origines sociales comme géographiques. Je suis au regret de constater que ce n’est pas le cas aujourd’hui.

Pour y parvenir, il faudra bousculer nombre d’archaïsmes. Et faire en sorte que le Conseil de l’Ordre représente réellement les 24 509 avocats en exercice ; sans oublier les 1 423 avocats honoraires.

Je propose, à ceux, nombreux, qui avaient soutenu ma démarche l’an dernier, comme à ceux qui s’étaient abstenus, de saisir cette occasion pour mettre un coup d’arrêt à la dérive oligarchique de notre Ordre.

Je m’adresse, aussi, à ceux qui n’avaient pas voté pour moi. Les événements récents ont mis en lumière la nécessité de dépoussiérer notre instance ordinale. De restaurer sa dignité ».

Vous trouverez ci-après et sur mon site (www.bessis.org) un certain nombre d’engagements que je prends, ainsi que des orientations et des inflexions que je m’engage à soumettre au Conseil.

J’aurai à cœur de traiter avec la même considération les avocats sans grade et les notables, les anonymes et les célébrités.

Si vous m’accordez votre confiance.

4 réflexions au sujet de « Lettre à tous mes confrères »

  1. TISSOT Francis

    Mon cher confrère,
    je ne veux pas vous écrire en tant qu’ami car nous ne nous connaissons pas ou peu
    je suis votre aîné d’un an retraité actif et à vrai dire plus actif que retraité
    j’ai créé et je maintiens un cabinet individuel imposant a minima 70 heures de travail par semaine pour une rémunération correcte sans plus en droit de la famille principalement en droit des successions dont je prétends être un peu spécialiste le pratiquant depuis plus de 40 ans
    j’ai connu comme vous le palais où nous étions 3000 qui nous respections
    le barreau est devenu une jungle où tous les coups sont permis sans sanction et avec l’indifférence de l’intelligensia et de la magistrature dont il est vrai que ce n’est pas le problème
    dans ce contexte j’adhère donc totalement à vos idées
    cela étant n’étant pas un homme d’appareil je voulais vous dire que je voterai pour vous
    cela étant vous êtes face à des oligarchies
    je vous souhaite tout le courage nécessaire pour triompher dans ce contexte
    votre amicalement dévoué
    Francis TISSOT

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  2. Marie Eleonore Afonso

    Cher confrère
    Cela fait bien longtemps que je ne lisais pas intégralement les messages de campagne d un candidat!
    Bravo pour vos projets pour notre Barreau!
    J’aurai plaisir à voter cette année.
    Votre bien dévouée.

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