Bâtonnat 2013 : Bilan d’un dauphinat

Depuis janvier dernier et jusqu’en décembre 2013, Pierre-Olivier Sur aura exercé la fonction de Dauphin.

Puisqu’il aspire à être élu Bâtonnier, il n’est pas inutile de tirer un bilan de son Dauphinat.

Transfert du Palais de Justice : promesse non tenue

En novembre dernier, alors qu’il concourait pour le dauphinat, Pierre-Olivier Sur n’avait pas de mots assez durs pour contester le déménagement du Palais de justice aux Batignolles.

« Ce projet conçu en 1996, avant la numérisation intensive, est obsolète. Prévu pour un budget de 500 millions, il devrait coûter 2,5 milliards ». Il avait même déclaré : « Il ne se fera pas ».

Il a changé d’avis depuis. Moi pas.

Je reprends à mon compte cet engagement que Pierre-Olivier Sur avait pris. Et qu’il a depuis oublié. Il aura capitulé avant même l’issue du combat judiciaire.

Le premier acte de mon mandat, si je suis élu, sera de former une intervention volontaire en qualité de Bâtonnier de Paris auprès de la Cour Administrative d’Appel, devant laquelle l’affaire est actuellement pendante.

Fragilisation du CNB

Pierre-Olivier Sur, Madame le Bâtonnier de Paris et son prédécesseur, alliés pour la circonstance, ont suspendu, au printemps dernier, la participation du Barreau de Paris au Conseil National des Barreaux. Cette crise a entraîné la démission du Bâtonnier Charrière-Bournazel. Si ce bras de fer n’exprimait qu’une querelle d’egos : c’est médiocre. S’il ne visait qu’à afficher un mépris envers le CNB, c’est une faute. Alors que notre profession doit se faire entendre des Pouvoirs publics sur l’aide juridictionnelle, la défense du secret professionnel et la réforme de la garde à vue, ces intrigues et ces épreuves de force fragilisent l’institution nationale représentative de la profession. On attend du Bâtonnier de Paris, vice-président qu’il y siège.

Si vous m’apportez vos suffrages, je restaurerai une relation de confiance avec le CNB. Et naturellement, j’y siégerai.

Un représentant des cabinets anglo-saxons à la tête de l’EFB

80 % des élèves avocats ayant suivi les cours de la dernière promotion ont qualifié la formation de « moyenne » ou « mauvaise ». 63 % des avocats parisiens interrogés considèrent que la formation initiale est insuffisante voire très insuffisante pour préparer l’arrivée dans la profession.

Le nombre d’élève avocats inscrits à l’EFB ne cesse de croître. Si la promotion de 2000 comptait 970 élèves avocats, celle de 2013 en compte 1733 ce qui représente une hausse de 78 %.

Une réforme de l’EFB s’impose. Pour la conduire, Pierre-Olivier Sur envisage, s’il était élu Bâtonnier, de désigner le vice-dauphin sortant, Laurent Martinet, à la tête de l’EFB. Les compétences de ce confrère ne sont nullement en cause mais c’est un étrange message que le dauphin sortant adresse au barreau en souhaitant confier la présidence effective de l’EFB à un associé du cabinet Jones Day.

L’accès au barreau comme la formation des avocats seront au cœur des débats. Professeur des Facultés de droit, j’enseigne le fonctionnement de la justice depuis 30 ans. A Paris II, puis à Sciences Po, j’ai eu l’honneur de former avocats et magistrats. Il ne serait pas absurde de designer comme Bâtonnier un avocat universitaire.

 Je m’impliquerai personnellement dans la réforme de l’EFB, dans le débat sur l’accès à la profession et entreprendrai une concertation avec les directeurs d’IEJ, universitaires qui sont tous mes collègues.

Allégeance aux grands cabinets anglo-saxons

En 2010, candidat au dauphinat face à Christiane Féral-Schuhl, Pierre-Olivier Sur fit le choix de concourir, en tandem, avec l’une de nos consœurs.

En 2012, plus soucieux que jamais de sécuriser son élection comme dauphin, il sacrifie sa colistière de 2010 : il fait allégeance aux grands cabinets anglo-saxons, en passant alliance avec Laurent Martinet, associé du bureau parisien de Jones Day.

L’un des enjeux du scrutin du 10 décembre prochain est de savoir si vous souhaitez être gouvernés par le Cabinet Jones Day.

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